Gens qui ni ne rient, ni ne pleurent

Avant de rentrer dans le vif du sujet, je tiens à faire une petite précision, il n’y a pas de fautes dans le titre 😉

Pourquoi, pour certain(e), est ce si difficile de pleurer alors que c’est la 1ère chose que nous faisons lorsque nous arrivons dans ce monde ?  Ces premières larmes sont d’ailleurs attendues et même bénies car signe de vie.

Ensuite, dès l’enfance, il nous est demandé de les réprimer car parait-il, elles sont symboles de faiblesse…  Du moins, c’est ce que les adultes nous racontent et quand je dis adultes, j’entends par là, les parents, la famille, l’école, la société… Et nous, enfants, nous les croyons bien sûr, normal en fait, les enfants font confiance aux « grands ».  Alors, nous nous forçons de ne plus pleurer en enfouissant au plus profond de nous toutes les émotions associées.  Refouler est le terme exact et si vous sortez un peu de chez vous ou que vous lisez un minimum, ça fait un bout de temps que l’on sait que ce qui est refoulé fait de sacrés dégâts à la longue. Ouïe ! Ouïe ! Ouïe !

Bref, il y a des choses comme ça qui nous sont innées et que les « grands » nous demandent de réprimer.

Tiens, le rire aussi !  Qu’y a-t-il de plus beau qu’un bébé qui rit aux éclats ?  J’adore regarder ce genre de vidéos sur YouTube 🙂  Et pourtant en grandissant, on nous demande de devenir sérieux et de cesser de rire de tout et de rien.  On nous dit qu’il y a un temps pour chaque chose mais lorsque le temps de rire est passé, il ne revient plus et nous avons raté une belle occasion de nous marrer, de nous faire du bien.

Au fil du temps nous devenons des robots qui ont oublié de vivre leurs émotions à force d’être forcé (oui, le jeu de mot est fait exprès) de les étouffer.

Et ça donne quoi tout ça ?  Bin, des adultes qui font la gueule.  Des adultes frustrés, mal dans leur peau blablabla.  Je ne suis pas là pour faire de la psychologie, c’est pas mon domaine de toute façon.  Je me dis juste que peut-être ce texte parlera au moins à une personne et qui sait, peut-être même que ça pourrait l’aider. Sait-on jamais !

Allez, un peu de dérision :

Je ne sais pas si vous avez remarqué mais dans le monde des adultes, il y a souvent des horaires pour rire.  Si, si.  Et parfois même, ils prévoient de rire des mois à l’avance. Siiii, j’vous dis…  Vous n’avez jamais réservez en janvier des places pour le spectacle de votre humoriste préféré(e) qui a lieu en juin ?  Ou de prévoir à l’avance de faire un cinoche et d’aller voir un film comique ? Et les sorties tous les samedis soirs tapants entre potes, on en parle ?  Il y a donc des jours prévus où le rire est le bienvenu et d’autres moins.

Ça c’était mon truc, le samedi soir, sortir entre copines, rigoler et danser… Et rentrer tard… Trèèèèèès tard 🙂  Dé-com-pres-ser, en fait.  Pourquoi ???  Parce qu’à partir du lundi, c’est fini !  Plus question de rire… On va au boulot !  🙂  Et si vous riez au boulot, votre boss pourrait penser que vous ne travaillez pas ou que vous ne faites pas votre boulot correctement ou trop lentement. Comme si le fait de rire et de travailler n’était pas compatible pffff.  Je sais de quoi je parle, j’avais un boss comme ça… même plusieurs d’ailleurs.  Bon, je ne dis pas que personne ne rit sur son lieu de travail mais faut avouer que vu le contexte actuel, ça devient quand même de plus en plus rare.

Mais revenons au spectacle d’humoriste, celui que vous avez réservez 6 mois à l’avance 😉  Double ironie :

  1. La personne sur scène a dû faire une école de comédie pour apprendre à vous faire rire…  Alors qu’à 9 mois, un simple bruit de prout fait avec la bouche et vous vous bidonniez comme des baleines pendant 10 minutes non-stop.
  2. Vous payez pour rire, alors qu’à la base, si personne ne vous avait brimé parce que vous riiez, il n’y aurait pas besoin d’humoriste.  Vous auriez toujours cette faculté de rire de tout et n’importe quoi.

Une chance, quelques personnes ont encore cette capacité, c’est même pour certains, un moyen de survie.  Panser les blessures par le rire.

Enfin, tout ça pour dire que si il y a des écoles qui apprennent à nous faire rire, il serait bon, et ce même si c’est beaucoup moins « amusant », que nous RÉapprenions à pleurer aussi, sans crainte, sans honte, sans culpabilité et sans peur de « Oh que vont dire les gens ».  Que nous arrêtions de voir cela comme une faiblesse, comme une chose qu’il faut éviter de faire à tout prix, car les larmes ne sont que le résultat d’émotions multiples dont nous devons impérativement nous délester pour ne pas les trainer comme des boulets toute notre vie et plus tard, les voir ressortir sous forme de maladies, de phobies et autres joyeusetés.

Je trouve au contraire que c’est courageux de pleurer et d’oser se montrer vulnérable.  D’avoir réussi à passer outre la croyance de faiblesse que la société nous impose et outre la peur du jugement. Assumer complètement en fait.

Perso, j’avoue ne pas encore en être là.  Le point positif c’est que je remarque quand je m’interdis (volontairement ou non) de pleurer et pourquoi, c’est dû à mon histoire familiale :

  • Un père pervers narcissique qui hurlait, jubilait quand je pleurais et une mère qui me demandait d’arrêter pour ne pas l’inciter de continuer à crier (OMG),
  • Une grand mère qui me reprochait tout le temps d’avoir l’air malheureux et ça, ça n’encourage pas à pleurer devant elle, je peux vous l’assurer, ni à se confier,
  • Et puis un peu tout le monde avec des phrases comme : « Mais tu es trop grande pour pleurer », « Tu vas avoir les yeux bouffis et les gens vont voir que tu as pleuré », et le fameux « Allez, sois forte »… J’en passe et des meilleurs,
  • Mais aussi moi, car parfois j’ai l’impression d’avoir tellement d’émotions refoulées que si je commence à pleurer, j’ai peur de ne plus pouvoir m’arrêter.  Ceci n’est qu’une croyance et je travaille à m’en libérer.

Donc, maintenant, lorsque mon fils est triste, je le prends dans mes bras et je lui dis qu’il peut pleurer, que toute la tristesse qu’il ressent a besoin de sortir et qu’il ne doit pas garder ça au fond de son coeur.  Je ne reproduirai pas les erreurs d’une société « bien pensante » qui fait plus de dégâts qu’autre chose.

Quant à moi, je travaille sur moi, je travaille à m’autoriser à pleurer.  Des fois j’y arrive et d’autres non mais ce n’est pas grave.  Le tout est de prendre conscience que tout comme le rire, les pleurs sont naturels.

Autorisons-nous donc à pleurer et une petite attention toute particulière aux hommes à qui l’on a fait croire qu’un homme c’est courageux et donc que ça ne pleure pas, c’est une vaste fumisterie.  Ce n’est pas parce qu’une personne pleure qu’elle n’est pas courageuse.

Et bien, tous à nos mouchoirs… Que nous pleurions de tristesse ou de joie 🙂

©Isabelle Wilhelmine

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